Cliquez sur l'image,
pour une version agrandie. |
|
La partie conservée de l’édifice, derrière l’entrée moderne, rue Saint-Pierre. Photo : Gilles Lauzon, 2010
|
|
|
La façade principale ancienne vue du jardin actuel. Photo : Gilles Lauzon, 2010
|
|
|
L’aile droite de l’ancien ensemble, rue Normand. Photo : Denis Tremblay, 2010
|
|
Les termes
précédés d'un
sont définis au glossaire. |
Nom du bâtiment : |
Ancien hôpital général de Montréal
|
Autres appellations : |
- Hôpital général des Frères-Charon
- Hôpital général des Soeurs-Grises
- Maison de la Charité
|
Adresses civiques : |
- 138-146, rue Saint-Pierre
- place D'Youville
(façade latéralesans numéro civique) - 121, rue Normand
(façade secondaire)
|
Arrondissement ou ville
: |
Ville-Marie (Montréal)
|
Ensembles : |
Fait partie de : Ancien hôpital général de Montréal
comprenant aussi
|
Secteur d'intérêt patrimonial
: |
Vieux-Montréal
|
Localisation
: |
|
Date de construction initiale : |
1693-1694
|
Nom du propriétaire constructeur
: |
- François Charon de la Barre (religieux)
(propriétaire du 1688-10-28 à environ 1719-07-09)
|
Commentaire sur les travaux
François Charon de la Barre est assisté par les Frères hospitaliers de la Croix et de Saint-Joseph, ou Frères Charon, une communauté qu’il crée mais qui n’obtiendra sa reconnaissance épiscopale qu’en 1723. Au moment de la construction, Charon de la Barre est propriétaire. On ne connaît pas le concepteur de l’édifice.
|
|
Détail de la façade de la rue Normand. Photo : Gilles Lauzon, 2010 |
|
|
Détail d’un mur de la section construite en 1847. Photo : Gilles Lauzon, 2010 |
|
|
Cave voûtée d’origine sous la partie centrale (1693-1694) de l’aile de la rue Normand. © Photographie de Normand Rajotte réalisée pour l'ouvrage L'histoire du Vieux-Montréal à travers son patrimoine, 2004 |
|
|
|
Histoire du bâtiment L’édifice, tel que restauré, comprend deux corps de bâtiments perpendiculaires construits en 1693-1694 et modifiés en 1765 puis entre 1820 et 1833, ainsi que deux adjonctions construites respectivement en 1847 et 1851.
La première construction est réalisée par François Charon de la Barre et la communauté des Frères Charon. L’édifice comprend dès lors deux corps de bâtiment, perpendiculaires l’un à l’autre, dont une partie des sous-sols est constituée de caves voûtées. Malgré certaines ambiguïtés, des documents anciens suggèrent fortement que l’édifice compte à cette époque deux étages en pierre, incluant le rez-de-chaussée, ainsi qu’un étage de comble sous des toits brisés à la Mansart.
Les Soeurs Grises, qui prennent la relève en 1747, doivent rénover en profondeur le bâtiment d’origine après un incendie survenu en mai 1765 qui n’épargne que les murs de pierre. On réintègre les lieux avant la fin de l’année, certains travaux pouvant sans doute être complétés ensuite. Les chercheurs présument que les religieuses profiteraient de ces travaux pour éliminer les toits brisés, ajouter un étage en pierre et coiffer les deux corps de bâtiment de toits à deux versants. Le nouvel étage aurait l’apparence d’un étage-attique avec des fenêtres de faible hauteur. Il est également possible que l‘on profite de l’occasion pour rehausser une partie des planchers et des foyers de cheminée, au rez-de-chaussée. Après la grande inondation survenue en 1789, on refait assurément « les planchers du bas ».
De 1820 à 1823, on rénove l’aile dite de la communauté (parallèle à l’actuelle rue Normand) puis, de 1831 à 1833, on fait de même pour le corps de bâtiment perpendiculaire qui jouxte l’église alors en reconstruction. Ces travaux sont majeurs et l’apparence du bâtiment change encore de façon notable. Les cheminées sont entièrement reconstruites et les fenêtres agrandies. De plus, on rehausse la partie supérieure des murs de pierre, ce qui augmenterait à la fois la hauteur du troisième niveau et de l’étage de comble.
En 1847 puis en 1851, la vieille aile dite de la communauté (rue Normand) est agrandie à chacune de ses extrémités. Bien que l’adjonction de 1847 soit plus large que l’ancien bâtiment, l’apparence générale de ces ajouts reste dans l’ensemble semblable à celle des bâtiments construits et rénovés précédemment. On observe toutefois sur des photographies anciennes des carreaux de fenêtre plus grands dans l’adjonction de 1851 que dans celle de 1847.
Après le départ de l’institution en 1871, la démolition de la moitié de l’édifice en 1872 et la transformation des parties conservées en entrepôts, de petits bâtiments complémentaires sont construits en périphérie. À compter des années 1880, une adjonction ne comportant qu’un rez-de-chaussée occupe la cour arrière encore disponible. Pour les besoins de l’entreposage, les vieux bâtiments connaissent aussi diverses modifications, dont la perte du cloisonnement intérieur et le percement de nouvelles ouvertures. En 1900, un incendie détruit la partie supérieure du corps de bâtiment principal (perpendiculaire à la rue Saint-Pierre) ; un toit en appentis, à pente unique, remplace ensuite la toiture à deux pentes (reconstituée plus tard).
Parmi les occupants majeurs des entrepôts, on trouve la Dominion Wire Rope Company, des années 1880 aux années 1950. Les fournisseurs d’équipement maritime Monstad & Company sont présents de 1940 à 1964 dans l’adjonction construite en 1847, avec un comptoir place d’Youville. Saint-Arnaud et Bergevin, courtiers en douanes qui occupent un magasin-entrepôt voisin en 1933, louent bientôt des espaces d’entreposage dans l’ancien hôpital qu’ils en viennent à occuper presque entièrement dans les années 1940 ; ils y restent jusque vers 1965 – peut-être 1967 – et sont les derniers à quitter les lieux.
Les baux de location prennent donc fin dans les années 1960. Les premières interventions consistent ensuite à démolir les diverses adjonctions et à ne conserver que les composantes de l’ancien hôpital. Les Soeurs Grises ouvrent les lieux au public pour quelques jours en octobre 1971. Les travaux de restauration ont lieu en 1979 et 1980, suivant les plans de l’agence d’architecture Desnoyers Mercure & associés, Maurice Desnoyers étant responsable du projet. Leur approche vise à concilier aménagement moderne et mise en valeur des composantes architecturales anciennes. Le toit à deux pentes du corps principal est notamment rétabli et plusieurs ouvertures refermées avec de la pierre des champs. À l’intérieur, certaines pièces font l’objet d’une attention particulière afin de leur redonner leur apparence ou leur vocation ancienne, dont la chambre de Marguerite d’Youville.
|
Autres occupants marquants
Propriétaires : |
- Frères Charon (hospitaliers de la Croix et de Saint-Joseph) (hospice)
(propriétaire de environ 1719-07-09 au 1747-08-27)
- Soeurs de la Charité de Montréal (Soeurs Grises)
(propriétaire du 1753-06-03 à aujourd'hui)
|
Autres occupants marquants
Locataires : |
- Marguerite d'Youville
(locataire à aujourd'hui au 1750-01-01)
- Dominion Wire Rope Company
(locataire de environ 1885 à environ 1955)
- Saint-Arnaud et Bergevin, courtiers en douanes
(locataire de environ 1935 à environ 1967)
- Monstad & Company
(locataire de 1940 à 1964)
|
Transformations majeures :
(dernière mise à jour
le 26 août 2011 ) |
- Travaux 1
Date des travaux : 1765 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment.
Ajout d'un ou de plusieurs étages au bâtiment.
Reconstruction après un incendie qui n’aurait laissé en place que les murs de pierre. On présume que l’on a alors ajouté un étage en pierre, coiffé d’une toiture à deux pentes, en lieu et place d’un étage de comble sous un toit brisé à la Mansart.
Bien qu’on ait réintégré les lieux avant la fin de l’année 1765, les travaux ont sans doute pu se poursuivre en 1766.
- Travaux 2
Date des travaux : 1820 Fin des travaux : 1833 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment.
Transformation majeure de la façade.
Travaux réalisés en deux temps, soit de 1820 à 1823 et de 1831 à 1833. Murs et toiture rehaussés, fenêtres agrandies, cheminées refaites. Pour le corps principal, aujourd’hui en retrait de la rue Saint-Pierre, tout l’intérieur est refait, planchers compris.
Selon André Laberge, le sulpicien Antoine Sattin, à qui on attribue la reconstruction de l’église, pourrait être aussi responsable de ces travaux
- Travaux 3
Date des travaux : 1847 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Agrandissement de l'aile droite (l'ancienne aile dite de la communauté) vers la place d'Youville, cette adjonction étant appelée initialement le « dépôt des pauvres ». Vue de la rue Normand, cette adjonction est à gauche.
- Travaux 4
Date des travaux : 1851 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Agrandissement de l'aile droite (l'ancienne aile dite de la communauté) du côté des anciens jardins (sud-est). Vue de la rue Normand, cette adjonction est à droite.
- Travaux 5
Date des travaux : 1979 Fin des travaux : 1980 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Modification à la volumétrie verticale du bâtiment.
Démolition totale ou partielle du bâtiment.
Les ajouts faits depuis 1871 sont enlevés avant 1971, mais les travaux d’aménagement proprement dits sont réalisés en 1979 et 1980. Ils consistent à redonner au bâtiment l’apparence qu’il pouvait avoir avant la conversion en entrepôts, tout en répondant aux besoins modernes.
Concepteurs de la transformation :
Desnoyers Mercure et associés (architectes -- agence responsable) Maurice Desnoyers (architecte -- concepteur principal)
|
|
|
Salle dite des pauvres, dans l’ancienne aile de la communauté, restaurée. Photo : Gina Garcia, 2006 |
|
|
Élévation à l'extrémité de l'aile droite, vue de la place D'Youville. ©Ville de Montréal, vers 1995. |
|
|
Élévation, rue Normand, incomplète. ©Ville de Montréal, vers 1995. |
|
|
|
L’implantation ancienne en forme de H (voir la fiche d’ensemble) est réduite depuis 1872 à un bâtiment en forme de T, légèrement oblique par rapport aux rues Saint-Pierre et Normand, sans réelle façade principale. L’édifice de trois étages, incluant le rez-de-chaussée, est coiffé de toits en pente à deux versants percés de lucarnes. Ses murs sont en moellons : pierres des champs et pierre grise de Montréal (calcaire) tirée de carrières. Des pignons découverts et un mur coupe-feu placé entre deux corps de bâtiments dépassent la ligne des toits le long de la rue Normand. Ces murs en moellons, les coupe-feu et la toiture présentent des similitudes avec les maisons urbaines façon Nouvelle-France, même si les dimensions de l’édifice sont évidemment beaucoup plus grandes.
L’ancienne composition de l’ensemble conventuel se distinguait des maisons par une symétrie d’esprit classique très marquée, symétrie qui a toutefois disparu en 1872. De nos jours, nous pouvons encore noter la régularité des nombreuses ouvertures encadrées de pierre taillée. Les pierres des champs employées pour les murs aussi tardivement que dans les années 1760 et 1830 ainsi que les moellons de calcaire utilisés dans les années 1840 et 1850, plutôt que la pierre taillée alors couramment utilisée ailleurs dans le quartier, suggèrent en revanche un souci d’économie et de modestie qui constitue une sorte de signature architecturale des religieuses, en plus de contribuer à rappeler les traditions de la Nouvelle-France. Les fenêtres à deux vantaux trouvées en 1970 et utilisées comme modèles pour la restauration, contribuent à ce rappel.
L’entrée principale actuelle, rue Saint-Pierre, est de facture moderne et dessert toute la Maison de Mère d’Youville complétée en 1980. Plusieurs autres portes ou entrées donnent accès aux différentes parties du vieil immeuble et correspondent aux besoins quotidiens, anciens ou récents. Les dimensions de l’édifice, toujours imposantes malgré les sections démolies au XIXe siècle, confirment l’importance de l’ancienne institution. Le traitement architectural ne distingue pas à l’extérieur les parties de l’immeuble anciennement destinées aux pauvres ou à la communauté religieuse.
Intérieur accessible au public
Après que la communauté des Soeurs Grises ait réintégré son ancien couvent, il est devenu possible de visiter sur rendez-vous certains espaces intérieurs restaurés. À partir de l’entrée moderne de la rue Saint-Pierre, un couloir dans le vieil immeuble dessert notamment le parloir situé près de l’ancienne église. Il permet aussi, à la manière d’une galerie intérieure, de se rendre jusqu’à l’aile perpendiculaire de la communauté où les locaux historiques majeurs sont aménagés pour recevoir le public, dont la chambre qu’occupait mère d’Youville à son décès. En certaines occasions, on a aussi donné accès aux larges caves voûtées, sous la même aile, où se trouvent notamment les vestiges d’un four à pain.
Au rez-de-chaussée de la plus ancienne partie de l’aile droite, dite de la communauté, un local restauré est muni d’un plancher en dalles de pierre (longtemps caché sous un plancher rehaussé), d’une large cheminée ancienne et de poutres apparentes. Cet espace est situé en contrebas d’un couloir rehaussé comme l’avait été l’ensemble de la pièce à une autre époque, sans doute à cause des inondations récurrentes – qui ont aussi fini par causer l’abandon du sous-sol voûté comme lieu de conservation des denrées. Attenants à ce local, on retrouve une cuisine et un réfectoire, recréés dans la partie du bâtiment qu’ils occupaient à l’origine. On peut y voir notamment un large foyer de cheminée de l’ancienne cuisine et, dans l’embrasure d’une fenêtre, un évier en pierre dont on vidait anciennement le contenu directement à l’extérieur.
Dans ces pièces, ainsi que dans la chambre de la fondatrice et d’autres espaces réservés à des fins muséales, sont présentés de nombreux artefacts et objets d’art qui témoignent de l’histoire de l’institution et de la communauté. Par exemple, une oeuvre peinte représentant le Père Éternel, rescapée en 1765 de l’incendie de la chapelle du même nom, se trouve dans la chambre où Marguerite d’Youville décéda.
|
|
Le bàtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par les statuts suivants :- Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré) (2012-10-19).
Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale) Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans les catégories suivantes : |
Bibliographie sur l'immeuble |
|
Pour plus d'information sur l'histoire
ou l'architecture du bâtiment,
veuillez consulter les sources suivantes :
- Catalogue d'iconographie 1992
- CUM, Couvents, 160-165
- Des Rochers et Pothier, Hôpital Général, passim
- Inventaire (1980-...) - Dossiers, 14330-0630
- Laberge, L'ancien hôpital général, passim
- Lahaise, Edifices conventuels (1980), 385-520
- Lauzon, Forget, Histoire du Vieux-Montréal, 68-69, 94, 118, 168, 260-261
- Michaud, Oeuvres du temps, 12-13
- Pinard, Montréal, histoire architecture, III, 265-282
- Rémillard, Styles et bâtiments, 22
|
Numéros de référence |
|
Bâtiment
: |
0039-48-7126-02
|
Propriété
: |
0039-48-7126
|
Immeuble situé dans le Vieux-Montréal : |
Des informations et des liens additionnels peuvent être
disponibles sur la fiche de cet édifice dans le site du Vieux-Montréal.
|
|