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Questions générales

 
 
Comment détermine-t-on l’intérêt patrimonial d’un édifice ou d’un secteur ?
Qu’est-ce qui caractérise le patrimoine montréalais ?
Comment les instances publiques protègent-elles le patrimoine bâti ?
Comment devient-on un citoyen responsable en matière de protection du patrimoine bâti ?
 

COMMENT DÉTERMINE-T-ON L’INTÉRÊT PATRIMONIAL D’UN ÉDIFICE OU D’UN SECTEUR ?

Dans les dernières décennies, des experts internationaux se sont rassemblés pour établir des consensus théoriques sur la conservation du patrimoine bâti. Ces grands principes se résument sous forme de chartes qui touchent l’un ou l’autre des aspects de la conservation architecturale. Le Canada a adhéré à plusieurs de ces chartes internationales via son comité national d’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites). ICOMOS est un organisme international non-gouvernemental regroupant des praticiens de la conservation, voué à la mise en valeur du patrimoine bâti du monde en favorisant les échanges parmi ses membres. ICOMOS Canada est l'autorité nationale en matière de philosophie et de pratique de la conservation de l'environnement bâti patrimonial.

Alors qu’au début ces chartes visaient à encadrer la protection des ruines classiques, elles s’ouvrent petit à petit, depuis les années 1960 à la protection de grands monuments (Charte de Venise, ICOMOS, 1964), puis à une intégration de la conservation du patrimoine architectural à la planification du territoire (Déclaration d’Amsterdam, adoptée par 25 pays européens en 1975), et enfin à la nécessité de maintenir une utilisation du bien patrimonial (Convention européenne, Conseil de l’Europe, 1985). Plus près de nous, la Déclaration de Deschambault (comité francophone d’ICOMOS Canada, 1982) énonce des principes de conservation et de mise en valeur pour le cas particulier du Québec. Parallèlement, le patrimoine ne se limite plus aux seuls monuments, mais s’ouvre aussi au patrimoine industriel, ainsi qu’à l’architecture domestique qui compose la majorité de la trame urbaine.

L’élargissement de cette notion de patrimoine amène une augmentation de la responsabilité gouvernementale car, désormais, le patrimoine comprend tout le cadre de vie de l’ensemble des citoyens. Malgré tout, le patrimoine n’est pas uniquement l’affaire des spécialistes. C’est une responsabilité collective. Les décisions en matière de conservation du patrimoine sont inévitablement le reflet des valeurs d’une société.

Tout comme la notion même de patrimoine, les critères menant à la désignation d’un bâtiment ont beaucoup évolué. Aujourd’hui, les critères les plus largement utilisés se résument à trois grandes valeurs : la valeur documentaire, la valeur architecturale et la valeur contextuelle. La valeur documentaire évalue l’ancienneté du bâtiment ou du lieu par rapport à ses comparables et évalue dans quelle mesure il illustre une phase de l’évolution de la collectivité ou un événement historique. La valeur architecturale évalue l’importance architecturale du bâtiment ou du lieu dans la production courante de l’époque et dans l’ensemble de la production de son concepteur aux niveaux formel, fonctionnel et constructif. Elle prend en compte le degré d’authenticité du bien de même que son état physique. La valeur contextuelle mesure trois éléments : l’intégrité de l’aménagement paysager, la contribution du bâtiment ou du lieu sur le caractère du secteur et sa valeur symbolique pour la collectivité.

Les secteurs d’intérêt patrimonial, quant à eux, ont été déterminés sur la base des critères suivants : leur capacité de témoigner d’un thème ou d’un événement historique, leur qualité architecturale (forme, usage, technologie constructive) et leur participation à la qualité de la vie urbaine et du paysage. Les secteurs qualifiés d’exceptionnels ont conservé leurs qualités au niveau des aménagements urbains, des implantations de bâtiments, de la géographie et des paysages. Ils regroupent des suites architecturales, des alignements de bâtiments d’intérêt patrimonial et des zones unifiées par une fonction ou une typologie architecturale. Ces ensembles ont subit relativement peu de perturbations et présentent un caractère d’harmonie formelle et fonctionnelle. De plus, ils sont souvent reconnus comme témoins historiques importants.

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QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE LE PATRIMOINE MONTRÉALAIS ?

De grands monuments et des constructions modestes

Le patrimoine bâti, c’est bien sûr des bâtiments anciens connus et appréciés de tous, tels que la basilique Notre-Dame ou le Château Ramezay. C’est aussi un paysage urbain ou cadre de vie composé de centaines d’habitations, de commerces, d’ateliers, dont l’intérêt individuel est variable mais qui forment des ensembles de qualité. Montréal ne diffère pas des grandes capitales du monde. Outre ses monuments exceptionnels, son identité particulière repose en grande partie sur l’ambiance des rues bordées de constructions marquant bien chacune des époques et d’espaces publics vivants ajoutant à la qualité de la vie urbaine. À titre d’exemple, au centre-ville, les façades urbaines de pierre grise ou de brique ornées d’un couronnement ouvragé et agrémentées d’escaliers tournants en métal, ou les maisons rurales aujourd’hui situées dans un contexte urbain, sont autant de richesses qui font de l’architecture montréalaise un patrimoine unique.

Un témoignage de l’apport de différentes communautés

Le patrimoine architectural de Montréal témoigne de l’apport des différentes communautés qui ont participé à son développement. Par exemple, au XIXe siècle, on trouve d’une part une architecture résidentielle, empruntant à un savoir-faire populaire transmis par les ouvriers de génération en génération et, d’autre part, une architecture académique conçue par des architectes d’origines diverses, empruntant des références stylistiques à la Renaissance italienne, au Moyen-Âge, ou aux formes classiques françaises ou anglaises. En plus d’illustrer le courant esthétique d’une époque en particulier, le choix d’un style peut aussi découler d’une volonté d’exprimer le pouvoir, l’allégeance politique ou l’affirmation d’une communauté. Cette diversité fait partie de l’identité montréalaise et reste marquée dans le paysage urbain comme un rappel des interactions qui ont façonné l’évolution de la société permettant ainsi de mieux comprendre le présent.

Un savoir-faire à retrouver

L’industrialisation et les avancées technologiques ont entraîné une révolution des méthodes de construction. Ceci rend nos bâtiments anciens d’autant plus précieux qu’ils recèlent souvent de véritables ouvrages d’art ou des productions d’artisans qualifiés difficiles et coûteux à reproduire. En effet, l’industrie de la construction n’est plus ce qu’elle était au début du siècle alors que des artisans participaient à l’édification d’un immeuble en réalisant eux-mêmes la totalité de leur produit. Il est difficile aujourd’hui de trouver un plâtrier, un forgeron ou un tailleur de pierre qui exécutent ce travail même si de remarquables efforts sont faits pour maintenir vivants ces savoir-faire. Ainsi, une simple porte de bois, un vitrail, une corniche ou un revêtement d’ardoise apportent une valeur ajoutée à un édifice et méritent le surcroît d’entretien qu’ils nécessitent.

Un patrimoine récent

Le patrimoine bâti montréalais est relativement récent. Le stock immobilier sans cesse renouvelé a laissé des traces pour chacune des périodes historiques mais la plupart des bâtiments de la ville ont été construits après 1850. Certains pourraient douter de la valeur patrimoniale d’un édifice construit il y a 50 ou 100 ans. Pourtant, il faut rappeler que pour le continent nord-américain, notre patrimoine bâti est parmi les plus anciens ! D’autre part, la valeur d’ancienneté n’est pas le seul critère à prendre en considération lorsqu’on évalue la valeur patrimoniale d’un bien. Ainsi, on découvre de plus en plus l’intérêt du patrimoine architectural d’après-guerre qui constitue un autre jalon de l’histoire de l’art et qui exprime les idéaux modernes typiques de son époque.

Un patrimoine en constante évolution

Tous les jours, on intervient dans les milieux anciens, que ce soit par de nouvelles constructions ou par des modifications à des immeubles existants. Toute intervention actuelle crée le patrimoine de demain et porte le sceau de notre époque. C’est ici que les notions d’intégration architecturale et d’authenticité prennent tout leur sens. Intégrer un bâtiment, c’est prendre le temps d’observer le milieu d’insertion pour en saisir l’esprit et les principales règles de composition (pleins et vides, alignements, matériaux, couleurs, etc.) afin de s’en inspirer dans la conception du nouvel élément. Il ne s’agit pas simplement de copier les formes anciennes ! Au contraire, il est souhaitable d’adopter un langage contemporain pour bien marquer son époque, par souci d’authenticité. La construction contemporaine intégrée en milieu ancien doit donc être conçue avec un esprit critique, qui allie la sensibilité au lieu, la créativité et l’authenticité.

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COMMENT LES INSTANCES PUBLIQUES PROTÈGENT-ELLES LE PATRIMOINE BÂTI ?

En signant les chartes et conventions internationales nationales et locales en matière de patrimoine, les instances publiques s’engagent à mettre en place les ressources et les mécanismes nécessaires afin de mieux protéger et mettre en valeur le patrimoine qui est dès lors considéré comme un bien collectif.

Le patrimoine bâti est en quelque sorte une richesse non renouvelable. Face aux intérêts personnels des propriétaires, et dans une perspective de développement durable, les instances publiques ont le devoir de préserver le patrimoine bâti au nom de la collectivité pour le léguer aux générations futures.

C’est dans cette optique que le gouvernement provincial et les municipalités octroient des statuts de protection régissant les modifications sur ces bâtiments. Il s’agit de la désignation d’un lieu, d’un édifice ou d’un groupe d’édifices par le biais d’une loi provinciale ou d’un règlement municipal, reconnaissant ainsi sa valeur de remémoration d’une époque ancienne, de document historique, de témoignage d’un savoir-faire ou d’un courant artistique ou de contribution au caractère unique d’un milieu urbain. De son côté, le gouvernement fédéral octroie des statuts honorifiques, sans contrôle des modifications.

La loi provinciale qui concerne la protection patrimoniale est la Loi sur les biens culturels. Elle régit la désignation de biens qui ont une importance à l’échelle de tout le Québec et c’est le ministère de la Culture et des communications du Québec qui voit à son application.

La Loi sur les Biens culturels peut aussi être utilisée par une municipalité pour désigner des lieux qui ont une importance à l’échelle municipale. En effet, la loi permet à une municipalité de citer tout ou partie d’un monument historique situé dans son territoire et dont la conservation présente un intérêt public. Elle peut aussi constituer en site du patrimoine, un territoire où se trouvent des biens culturels immobiliers et dans lequel le paysage architectural présente un intérêt d’ordre esthétique ou historique. Plusieurs villes de l'agglomération montréalaise se sont déjà prévalues de cette disposition.

Les arrondissements ont aussi la liberté de désigner d’autres lieux historiques qui méritent d’être protégés, par le biais de leurs règlements d’urbanisme ou de règlements spécifiques. Ces lois et règlements assurent le maintien et la pérennité des caractéristiques du bâti, du voisinage et de l’ensemble de la ville.

Il ne faut pas croire que tous les édifices d’intérêt patrimonial sont protégés. L’absence de statut de protection patrimoniale n'autorise pas à intervenir n'importe comment. Face à un bâtiment que nous a légué l’histoire, il faut toujours intervenir avec respect.

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COMMENT DEVIENT-ON UN CITOYEN RESPONSABLE EN MATIÈRE DE PROTECTION DU PATRIMOINE BÂTI ?

Chacun a une responsabilité face à la transmission du patrimoine bâti aux générations futures. La protection du patrimoine n’est pas seulement l’affaire des instances publiques, des sociétés d’histoire, des médias, des groupes d’intérêt et des propriétaires de bâtiments classés. C’est l’affaire de chacun d’entre nous.

Chaque propriétaire peut devenir un citoyen responsable en matière de patrimoine en déployant quelques efforts. D’abord, chercher à CONNAÎTRE davantage l’histoire de son bâtiment. Ensuite arriver à RECONNAÎTRE et faire reconnaître l’intérêt qu’il présente. Finalement, AGIR avec tout le respect dû au bâtiment et à sa valeur et faire preuve d’un esprit critique face aux options que nous offre le marché de la construction et le monde de la consommation et ce, autant pour les interventions majeures que pour les détails de finition.

Le patrimoine, ce n'est pas seulement l'affaire des propriétaires. Tous les citoyens sont invités à participer aux débats et consultations qui concernent le patrimoine urbain. Plan d’urbanisme, nouveaux statuts de protection provinciale ou municipale, politique du patrimoine, projets sur des bâtiments précis, sont autant d’occasion pour la population montréalaise de faire entendre sa voix et de s’approprier un peu plus son patrimoine.

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Mise à jour, 27 novembre 2016