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FICHE DU SECTEUR
Mont-Royal
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Les termes
précédés d'un
sont définis au glossaire. |
Nom
du secteur : |
Mont-Royal (territoire correspondant au site patrimonial du Mont-Royal (cité))
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Arrondissement ou ville
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Ville-Marie (Montréal)
Le Plateau-Mont-Royal (Montréal)
Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce (Montréal)
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Localisation :
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Plan de localisation
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Le mont Royal est l'une des collines montérégiennes de la grande plaine de Montréal. On y retrouve trois sommets, celui du mont Royal (232m), d’Outremont (215 m) et de Westmount (201m). Le massif est plus abrupt à l’est qu’à l’ouest. Le mont Royal est occupé par un grand parc, des cimetières, un chapelet d’institutions et des résidences. Les chemins de la Côte-Sainte-Catherine et de la Côte-des-Neiges sont des voies de circulation anciennes dont le tracé sinueux est tributaire des conditions topographiques particulières du mont Royal. Celui-ci est plus que jamais un lieu emblématique de Montréal et un poumon de verdure dans la ville.
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Vue aérienne du mont Royal ©Ville de Montréal, 2006
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Le belvédère sur le chemin Camilien-Houde ©Ville de Montréal, 2006
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Le chemin Olmstead ©Ville de Montréal, 2006
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Un voisinage, son histoire |
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Développement du milieu urbain |
En 1535, lors de son second voyage d’exploration, Jacques Cartier visite le village d’Hochelaga sur l’île de Montréal et nomme la montagne qu’il gravit du nom de mont Royal. En 1643, le sieur de Maisonneuve, l’un des fondateurs de Ville-Marie, plante une croix sur le flanc sud du mont Royal en guise de remerciement ; la crue des eaux du fleuve ayant évité de justesse le petit bourg naissant à la pointe à Callière. Ces personnages ne sont pas les premiers à fréquenter le mont Royal. En effet, des vestiges archéologiques y témoignent d’une présence amérindienne vieille de 4000 à 5000 ans.
En 1663, les sulpiciens deviennent seigneurs de Montréal. Ce titre leur confère le droit de concéder des terres et de tracer des voies de communication. En tant que seigneurs, les sulpiciens se constituent aussi des domaines seigneuriaux. Parmi ceux-ci, le domaine de la Montagne couvre le territoire correspondant sensiblement aux terrains compris actuellement à l'ouest de la rue Guy, au nord du boulevard René-Lévesque, à l'est de la rue Wood, dans Westmount et au sud du Boulevard, aussi dans Westmount.
Le domaine accueille une mission amérindienne à partir de 1675. Elle comprend notamment 43 maisons longues logeant les Amérindiens et 13 maisons de charpente, des arbres fruitiers, des vignes et un potager, le tout ceinturé d’une palissade de bois. Une première chapelle en bois est construite en 1680. Vers 1685, un fort de pierre est construit attenant à la palissade de la mission. Ce fort comprend un mur d’enceinte en maçonnerie et quatre tours cylindriques (dont deux subsistent), une maison et une église neuve. En 1694, alors que 220 personnes demeurent à la mission de la montagne, un incendie détruit les maisons longues, les maisons de charpente et la chapelle de bois. Les Amérindiens quittent graduellement la mission jusqu’en 1705 pour s’installer au Sault-au-Récollet.
Avec la fin de la mission amérindienne, le fort de la montagne est utilisé comme maison de campagne pour les sulpiciens. Ceux-ci entreprennent des travaux d’agrandissement de leur maison-château qui devient un lieu de villégiature apprécié par les prêtres et les membres de la classe dirigeante. Tout autour du domaine des sulpiciens, les terres, parfois boisées, parfois cultivées ou occupées par des vergers sont, après 1760, la propriété de notables de l’administration coloniale britannique ou de militaires.
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Développement du milieu urbain |
Durant cette période de croissance démographique importante de Montréal, on voit apparaître de nouveaux noyaux villageois et des activités artisanales au pourtour du mont Royal. Des tanneries s’installent sur les flancs nord-ouest et sud-ouest, profitant des ruisseaux qui coulent de la montagne. Un nombre important d’artisans du cuir habitent les villages de Saint-Henri et de Côte-des-Neiges.
Les jardins et les vergers se multiplient sur les flancs de la montagne. On y retrouve aussi de plus en plus de pâturages. En 1802, les sulpiciens construisent la ferme Sous-les-Noyers, aujourd’hui recyclée en habitation, dans la partie ouest de leur domaine de la montagne.
Vers la fin du XVIIIe siècle, le flanc sud devient le lieu de résidence des riches commerçants de fourrure. Ces notables « gentlemen-farmers » engagent des fermiers pour exploiter leurs terres et habitent même souvent dans d’anciennes maisons de ferme d’habitants. Certains d’entre eux se font construire des résidences somptueuses.
La villégiature ne se limite pas qu’au flanc sud du mont Royal. Des marchands, fonctionnaires et membres des professions libérales sont aussi attirés par les paysages bucoliques de la côte Sainte-Catherine ou de la côte Saint-Antoine.
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Développement du milieu urbain |
Le centre urbain devenant de plus en plus dense et dominé par les activités portuaires et industrielles, la population bourgeoise et certaines institutions cherchent à s’installer dans des lieux plus salubres autour de la montagne, à l’abri des désagréments de la ville.
Vers 1840-1850, les grands propriétaires du piedmont sud du mont Royal entreprennent le lotissement de leurs propriétés. Leurs plans de lotissement créent la trame urbaine que l’on connaît aujourd’hui. La construction du réservoir McTavish (1852-1856) permet l’adduction d’eau dans ce nouveau secteur en développement et donne le véritable coup d’envoi de la construction résidentielle vers 1853. De grandes villas sont construites, de même que des maisons de ville en rangée telles qu’on les construisait dans les quartiers chics de Londres à la même époque.
Jusqu’à la fin de cette période, les nouveaux développements côtoient des terres agricoles surtout destinées à l’horticulture, à la culture maraîchère ou utilisées comme pâturages pour les vaches laitières. Le domaine des sulpiciens demeure lui aussi principalement agricole. Les autres flancs du mont Royal ne participent pas vraiment au mouvement d’urbanisation du flanc sud et la villégiature rurale continue de s’y développer.
Des institutions s’implantent sur les flancs de la montagne. Le Grand Séminaire est construit en 1854-1857, le Collège de Montréal en 1868-1871, l’Hôtel-Dieu de 1858 à 1860 et les premiers pavillons de l’université McGill sont bâtis entre 1843 et 1872. La villa Monkland devient Villa-Maria en 1854, un pensionnat pour jeunes filles.
En 1852, une corporation anglo-protestante de Montréal achète le domaine Spring Grove sur le mont Royal pour y aménager un cimetière conforme à l’esthétique du cimetière rural, c'est-à-dire une succession de paysages suscitant la méditation et la mélancolie. En 1854, la fabrique Notre-Dame-des-Neiges acquiert une terre appartenant à Pierre Beaubien pour y aménager un nouveau cimetière affichant à la fois un caractère monumental et une esthétique romantique. En 1851 et en 1890, les cimetières juifs Shaerith Israel et Shaar Hashomayim sont aussi aménagés sur le mont Royal. Tous ces cimetières contiennent un patrimoine artistique et commémoratif exceptionnel.
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Développement du milieu urbain |
Au fil des années, l'importance de la montagne devient de plus en plus largement reconnue. Des pressions encouragent les décideurs à acheter les terrains nécessaires à la constitution d’un parc public dès 1872. À ce moment, les terrains acquis sont des boisés de feuillus entourés de terres agricoles et de vergers. Le développement urbain est concentré au sud de la rue Sainte-Catherine ; le mont royal se trouve donc en périphérie.
Frederick Law Olmstead est engagé pour réaliser un plan d’aménagement du parc. Il propose la conservation des caractéristiques naturelles du site et constitue huit zones écologiques qui se succèdent du pied de la montagne jusqu’au sommet, le long d’un long chemin au parcours sinueux. Le parc, propice à la découverte de la nature et à l’observation de la ville, est inauguré le 24 mai 1876. Avec les années, de plus en plus d’activités récréatives prennent place dans le parc du mont Royal.
Tandis que les cimetières consolident leur présence en agrandissant leur territoire et en construisant des bâtiments, d’autres importantes institutions choisissent la montagne comme site. C’est le cas de l’hôpital Royal Victoria qui bâti ses premiers pavillons sur un terrain cédé par la Ville de Montréal. L’ensemble de style château, inauguré en 1893 est ensuite additionné de plusieurs nouveaux bâtiments selon les avancements de la médecine et la croissance des besoins de la population.
Le flanc sud du mont Royal s’urbanise peu à peu. Le flanc nord, quant à lui, reste relativement intouché et le renard y abonde ; on y pratique même la chasse à courre. Le club de chasse Montreal Hunt Club (démoli en 2000) a cessé ses activités en 1920. C’est dans cet environnement bucolique que l’oratoire Saint-Joseph est mis en chantier en 1922, sur un site fréquenté par des pèlerins depuis 1905. De plus, l’université de Montréal, constituée en 1920, quitte son emplacement de la rue Saint-Denis et choisit aussi le flanc nord du mont Royal pour y bâtir son pavillon principal dont la construction s’échelonne de 1928 à 1943.
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Développement du milieu urbain |
De 1929 à 1939, pendant les années de dépression économique, plusieurs travaux sont effectués dans le parc du Mont-Royal dans le cadre d’un programme visant à donner de l’emploi aux chômeurs. Le chalet de la montagne, le lac aux castors, le Central d’alarme du Service des incendies, l’élargissement de l’avenue du Parc sont autant de projets réalisés dans ce contexte.
Au cours des années 1950, la présence de l’automobile s’accroît considérablement et la Ville entreprend de grands travaux pour améliorer la fluidité de la circulation. Des transformations importantes sont effectuées avec la construction de la voie Camilien-Houde pour gravir la montagne et l’aménagement de stationnements dans le parc. L’échangeur des Pins, destiné à relier le centre-ville avec le mont Royal, est construit de 1959 à 1962.
En 1954, à la demande de citoyens dénonçant certaines activités indésirables dans le parc, la Ville procède à des « coupes de moralité ». Les arbustes sont abattus et tous les sous-bois sont débroussaillés, de sorte que le mont Royal prend un tout autre aspect et est alors surnommé le « mont Chauve ».
Les établissements de santé et d’enseignement poursuivent leur expansion. D’autres sont attirés par la montagne tels le Montreal General Hospital qui s’installe dans un imposant immeuble neuf sur la rue Cedar en 1955.
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Développement du milieu urbain |
Au début des années 1980, de nouveaux projets de grande envergure retiennent l’attention de la population et éveillent les autorités pour qu’elles se dotent d’outils de protection et de gestion du mont Royal. De larges coalitions de gens d’affaires et de citoyens sont créées pour défendre le patrimoine du mont Royal et stopper les projets qui en menacent l’intégrité. Le site du patrimoine du Mont-Royal est créé en 1987 par la Ville de Montréal. En 1992, la Ville adopte un Plan de mise en valeur du Mont-Royal. En 2005, l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal est décrété par le gouvernement du Québec.
Au chapitre des interventions majeures sur le mont Royal, l’échangeur des Pins est démoli en 2005 en vue de redonner à cette intersection une structure de boulevard urbain mieux adaptée au contexte. De plus, l’expansion des campus universitaires se poursuit avec la construction de nouveaux pavillons de l’université de Montréal et de l’université McGill, d’un nouveau mausolée dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, ainsi que la consolidation du site de l’oratoire Saint-Joseph.
Apprécié depuis longtemps pour ses dimensions naturelles, archéologiques, architecturales, urbaines et paysagères, le mont Royal est désormais officiellement reconnu pour sa valeur emblématique et la grande qualité et diversité de son patrimoine. La protection de ce territoire et l’amélioration des liens qu’il entretient avec le reste de la ville guideront assurément les actions futures.
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Pour plus d'information sur l'histoire
ou l'architecture du secteur,
veuillez consulter les sources suivantes :
- Beaupré et Michaud, site mont Royal (1989)
- Centre de la montagne, Bâtiments (2002)
- Centre de la montagne, Château d'eau (2002)
- Centre de la montagne, Géologie (2002)
- Centre de la montagne, Paysages (2002)
- Continuité, Dossier sur le mont Royal (2001)
- Foisy, Quatre saisons (2000)
- GIUM, Montagne en question (1998)
- Marsan, Montréal en évolution (1994)
- Patri-Arch, Connaissance du mont Royal (2003)
- Poitras, Burgess, Caractérisation (2005)
- Robert, Atlas historique
- Trames, Paysages en devenir (1989)
- Ville de Montréal, évaluation CDN-NDG (2005) (http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2240,2893649...)
- Ville de Montréal, évaluation Outremont (http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2240,2893649...)
- Ville de Montréal, évaluation Plateau (2005) (http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2240,2893649...)
- Ville de Montréal, évaluation Ville-Marie (http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2240,2893649...)
- Ville de Montréal, évaluation Westmount (http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2240,2893649...)
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