Saint-Viateur et Beaubien

Outremont (Montréal)

 Plan de localisation

En 1663, les sulpiciens deviennent seigneurs de l’île de Montréal et planifient le développement du territoire pour l'ouvrir à la colonisation. Leur supérieur, Dollier de Casson, établit, en 1694, un plan de développement de la côte Sainte-Catherine et mandate l’ingénieur Gédéon de Catalogne pour circonscrire les terres à concéder. Six terres sont d’abord accordées à partir de 1698. Ce premier vaste territoire, qui correspond à l’actuel arrondissement d’Outremont, demeure essentiellement agricole jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. À la fin de cette période, deux chemins perpendiculaires existent à Outremont : la côte Sainte-Catherine et l’actuelle avenue Rockland, qui est une montée reliant la côte Sainte-Catherine à la côte Saint-Laurent.

Au début du XIXe siècle, Montréal s’urbanise rapidement et plusieurs faubourgs apparaissent. À partir des années 1830, les flancs du mont Royal, jusqu’alors occupés par des exploitants agricoles francophones, attirent des familles bien nanties à la recherche de propriétés à la campagne. Ces nouveaux arrivants, parmi lesquels on compte Stanley Bagg, Sydney Robert Bellingham, John Gray et Louis Beaubien, y construisent de vastes résidences secondaires unifamiliales aux abords de la côte Sainte-Catherine.

Dans les années 1850, certains propriétaires lotissent leurs terrains pour en revendre les parcelles à des fins résidentielles. Ces premiers lotissements conduisent à la naissance de nouvelles voies d’accès en partance du chemin de la Côte-Sainte-Catherine, telle l’avenue Wiseman ouverte entre 1866 et 1870.

En 1875, la municipalité du Village d’Outremont est constituée et le développement urbain s’amorce avec l’arrivée des Clercs de Saint-Viateur qui achètent la ferme Bouthillier-McDougall en 1887. Quelques années plus tard, à la suite de l’achat des fermes Strahan, Pratt, Nolan et Wiseman, ils deviennent les plus grands propriétaires terriens des environs.

Outremont obtient un statut de ville en 1895. L’année suivante, les Clercs de Saint-Viateur débutent la construction d’une ferme-école pour les sourds-muets. Cette même année, ils font ériger leur maison provinciale pour y loger la direction de la communauté et un juvénat. À la fin du XIXe siècle, les Clercs de Saint-Viateur commencent à lotir une partie de leurs vastes terrains et cette initiative stimule l’ouverture de nouvelles avenues ainsi que la réalisation de projets immobiliers. Joseph Beaubien, un personnage clé dans le développement urbain d’Outremont du XXe siècle, débute sa longue carrière politique en 1899 en tant qu’échevin. En 1900, la Ville d’Outremont donne son aval au morcellement de la ferme des Clercs de Saint-Viateur en 693 lots.

Pour attirer de nouveaux résidents, la Ville aménage ses quartiers selon le mouvement de la « City Beautiful ». Ce courant urbanistique misant sur la qualité de vie dans les villes se traduit par la recherche de la beauté dans une finalité sociale et civique. Élaborés selon cette philosophie, les règlements municipaux de construction, soucieux d’harmonie, définissent des secteurs homogènes comme celui du secteur Saint-Viateur et Beaubien, réservé majoritairement aux maisons unifamiliales isolées ou jumelées. En 1910, Joseph Beaubien est élu maire et en 1911, il approuve un projet de plantation d’arbres en bordure des rues. Le développement urbain d’Outremont s’accélère et connaît son âge d’or durant les années 1920. Les années 1930 marquent toutefois un ralentissement de l’activité immobilière.

Outremont est déjà presque entièrement édifiée après la Seconde Guerre mondiale. Seulement quelques résidences se sont depuis ajoutées à l’ensemble bâti du secteur, les efforts étant davantage investis dans la consolidation et la réfection des développements résidentiels existants. Parallèlement, certains bâtiments disparaissent, dont les résidences de la célèbre famille Beaubien, situées sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, qui sont démolies pour aménager le parc Beaubien dans les années 1960.

À partir des années 1970, on assiste à un nouvel intérêt pour la restauration de maisons et le recyclage architectural en respect des principes de conservation du patrimoine. On remarque également une période d’expansion pour de nombreuses institutions ainsi que la réhabilitation de bâtiments institutionnels. À titre d’exemple, l’ancien externat classique Saint-Viateur, sous la tutelle des Clercs de Saint-Viateur, est vendu en 1970 à une commission scolaire et devient l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie. La bibliothèque Robert-Bourassa est quant à elle construite en 1995. En 2002, la Ville d’Outremont est fusionnée à la Ville de Montréal et devient l’arrondissement d’Outremont.

Pour plus d'information sur l'histoire ou l'architecture du secteur,
veuillez consulter les sources suivantes :

• Beauregard, J. Beaubien bâtisseur d'Outremont (http://www.histoirequebec.qc.ca/publicat/vol9num2/v9n2_1jb.h...)
• Bisson et ass, patrimoine Outremont (1992)
• Bisson et ass., patrimoine Outremont (1990)
• Bisson et ass., patrimoine Outremont (1993)
• Bisson et Perrotte, travaux arch. Outremont
• Deslauriers, Raconte-moi Outremont (1995)
• Rumilly, Histoire de Montréal
• Saint-Viateur d’Outremont (2004)
• Tessier, St-Viateur d'Outremont (1954)
• UdeM, objets numériques, égl. St-Viateur (http://calypso.bib.umontreal.ca/cdm4/item_viewer.php?CISOROO...)
• Ville de Montréal, Histoire Outremont (http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=8517,9559213...)